Légende des Tours de Tèvola : On l'appelle le Castellu. Les siècles seuls avaient eu raison de cette forteresse, et la tour qui se dressait un peu à l'écart, au fond du village, était avec la chapelle abandonnée la dernière à leur résister. Elle dominait de deux étages le carré de maisons fortes dont elle faisait partie et dont les ruines dentelées prolongeaient l'éperon de schiste duquel elles paraissaient écloses. L'ensemble encadrait une cour pavée de dalles, de schiste elles aussi. C'est une femme hors du commun qui, à sept siècles d'ici, avait bâti ces maisons-tours. Dans la mémoire collective, seuls demeurent son nom et sa légende : C'était la comtesse Tèvola. On disait qu'elle avait fait construire une tour semblable à celles-là dans chaque village de la contrée sur laquelle elle régnait. En ces époques de fer - était-ce pour déjouer de probables assauts où pour mieux administrer ses gens en parcourant son territoire ? - elle séjournait rarement plus d'une semaine dans chacune d'elles. Y apparaissant à l'improviste, partant au milieu de la nuit pour aller loger dans une autre, c'était comme si elle les habitait toutes. Certains même lui prêtaient un don d'ubiquité. Elle levait l'impôt, rendait la justice, guerroyait à l'occasion. Aussi belle qu'on la décrivait, on ne lui connaissait pas d'homme. Maniant la dague aussi aisément qu'elle égrenait le chapelet, vêtue de bure et portant corselet d'acier, elle tenait de la nonne et du guerrier. Aujourd'hui, la forteresse a ressurgi de ses ruines et la vie y est revenue. Elle porte désormais le nom de cette dame du temps jadis : Les Tours de Tèvola.