D'origine très ancienne, les deux villages de Chatonrupt et de Sommermont ont fusionné en 1972 pour ne former qu'une seule commune. Les bois des hauteurs sont ponctués de tumulus celtiques, sépultures qui révèlent une occupation gauloise. On y découvre aussi des pierriers de vigne ainsi que des minières de fer qui furent exploitées de 1835 jusque vers 1900. Durant la même période, des patouillets et bocards lavaient et concassaient le minerai sur les deux villages. Le ruisseau qui les traverse et rejoint la Marne, de 1ère catégorie piscicole, permettait également le fonctionnement de moulins à farine et à huile.
Selon la tradition, l'église de Chatonrupt porte le nom d'un ancien hameau, Saint-Brice, qui aurait été détruit par les Impériaux de Charles-Quint en 1544. Une pierre tombale est fixée sur l'un de ses murs extérieurs ; elle provient de la sépulture des parents du professeur Nicolas Piat (1690-1756), natif de Chatonrupt. Il fut recteur des Universités de Paris (Sorbonne et Collège de France) sous les règnes de Louis XIV et Louis XV. Près du porche est érigé un calvaire du XVIIIe siècle, sculpté par Nicolas-Memmie Varlet né en 1739 à Cousances-les-Forges (Meuse). Ce monument, consacré à saint Vincent et à la vigne, rappelle le passé viticole de la commune. Quant à l'église Saint-Maurice de Sommermont, elle a été pillée en 1544 par les Impériaux qui ont emporté son reliquaire en Rhénanie-Westphalie.
Emprunter la D 332, à partir de Chatonrupt, permet de découvrir la magnifique vallée de Sommermont. Peuplé de hérons cendrés, ce lieu enchanteur constitue une station régulière pour la cigogne noire qui s'y laisse admirer du printemps à l'automne. Dès l'entrée dans la vallée, le promeneur chemine sous le monumental viaduc ferroviaire construit en 1892 par la Compagnie des chemins de fer de l'Est. D'une hauteur centrale de 35 mètres et d'une longueur de 138 mètres, certaines de ses arches sont ornées de gargouilles en têtes de lions. Cet ouvrage, qui appartenait à la ligne stratégique entre Brienne-le-Château (Aube) et Sorcy (Meuse), supporte la RN 67 depuis 1995. L'ancienne gare de Chatonrupt-Sommermont, située à l'entrée du viaduc, a alors été détruite.
Une motte castrale mérovingienne, estimée du début du VIIIe siècle, apparaît dans un méandre du ruisseau juste avant de parvenir à Sommermont, au lieu-dit la Ginvalotte. Cette motte fossoyée, qui supportait un fortin en bois et son "dominium" (ancêtre du donjon), a été identifiée en 2020 par l'archéologue Denis Schmitter, mandaté par la Drac Grand-Est. La motte de la Ginvalotte est classée "Fortification naturelle et anthropique de plaine, en méandre de rivière".
Le village de Sommermont a été administré de 1788 à 1840 par une branche de la famille de Hédouville, fameuse depuis les Croisades, qui a fourni trois maires. Parmi eux, le capitaine Joseph-Hubert de Hédouville (1781-1840), s'est illustré d'Austerlitz à Waterloo au sein du 2ème régiment de carabiniers à cheval. Chevalier de la Légion d'Honneur et des Ordres de Saint-Louis, il a terminé sa carrière comme instructeur à l'école de cavalerie de Saumur. Sa tombe et celle de son père, le vicomte Jean-Hubert de Hédouville (1749-1835), capitaine de la Garde nationale, ont été restaurées. Elles sont visibles dans le petit cimetière du village.