- Son histoire :
- Aux confins de la Franche-Comté et de la Lorraine, au pied des Vosges, le village de Selles s'est construit d'âge en âge en alliance avec l'eau.
- En l'an 1230, sous la régence de Blanche de Castille, mère de Louis IX, le village appelé Selles, écrit Celles, est cité dans des documents de l'église. A cette époque, ce n'est pas la France mais le duché de Bourgogne.
- Étymologiquement, on estime que ce nom de Selles pourrait provenir du germanique Cella au sens d'habitation ou cellier, magasin.
- Selles aurait alors été un centre d'approvisionnement établi au bord du Coney, à l'époque gallo-romaine, car en amont de Selles, cette rivière n'était plus navigable mais seulement flottable.
- L'isolation de Selles par rapport aux villages voisins, de part la forêt, de la rivière Coney, le manque de ponts et la proximité de la frontière avec le duché de Lorraine, les liaisons avec l'extérieur devaient être réalisées par voies fluviales. Selles fut donc, avec son port, le départ embryonnaire de la marine fluviale et surtout de la jonction Nord-Sud, de la Lorraine à la Bourgogne et au-delà. Selles à cette époque, faisait partie des terres de Jonvelle.
- Du fait de son port, Selles devint un village de bateliers qui conservera sa vocation jusqu'à la fin du siècle dernier.
- Dans un procès verbal d'une enquête datant de 1465, on apprend que les ressources du pays viennent des transports fluviaux en meules, madriers et clives (petites planchettes), tous ces matériaux provenant des carrières et des forêts avoisinantes. On apprend également que deux bateliers seulement pouvaient, à l'époque, conduire sur le Coney, des barges (genre de radeaux avec plats bords) jusqu'aux portes de Gray, sur la Saône, sans aucune aide. Selles était donc frontière et finale de la navigation sur le Coney puis sur la Saône.
- Dans les années 1840, Selles comptait 195 maisons, soit 245 foyers correspondant à 1017 habitants alors que le dernier recensement en accuse 250. L'industrie y était prospère, une tuilerie, un four à chaux, qui se situait sur la droite de la route, à la sortie du village en direction de Passavant. Une maison de construction récente, portant le nom de "La Tuilerie" est construite à l'emplacement de cette dernière.
- Des carrières étaient ouvertes, produisant un très beau grès bigarré très apprécié pour faire des pierres de taille, des dalles, des meules à aiguiser.
- Les verreries établies au nord du pays - verrerie de Selles - verrerie du Morillon, aujourd'hui disparues, et de La Rochère toujours en exploitation et de renommée mondiale, utilisaient ce mode de transport fluvial pour expédier leurs marchandises jusque dans le midi de la France, via le Coney, la Saône et le Rhône.
- Le port d'où partaient ces marchandises, était doté d'un chantier de construction de barges (genre de bateau à fond plat), les forêts fournissaient le bois en abondance tant pour la cuisson des tuiles, le chauffage des fours à verre, la construction des bateaux ; il ne manquait que le chanvre pour le chantier de construction de ses bateaux et leur colmatage. Des "chènevières" furent donc plantées sur place dans les champs alluvionnaires. Récolté, le chanvre était mené au moulin à 300 mètres de l'actuel pont où l'on procédait au "rouissage" (isolation des fibres par macération afin d'éliminer les parties non ligneuses), au "teillage" (isolation de la tige de l'écorce) puis au "broyage" (pour désolidariser les fibres). Après le séchage, les "fileuses" procédaient au "peignage" puis les "Cordeliers" ou "Cordiers" confectionnaient cordes et cordages, fils pour l'amarrage des marchandises, sacs et toiles. Le chanvre non filé ni dégrossi servait à l'étanchéité des bateaux. La production de chanvre était ainsi intégralement absorbée. A noter que 100 kg de chanvre brut ne fournissaient que 13 kg de produit fini. Les bateaux chargés partaient "sans retour" : le bateau était vendu avec son chargement de marchandises. Ils pouvaient charger de 60 à 80 tonnes de marchandises diverses, leur longueur s'échelonnant entre 15 et 18 mètres.
- La construction du canal de l'Est, vers 1880, sonna le glas de cette activité, son implantation détruisant le chantier de construction navale fluviale de Selles. Un port fut construit sur le nouveau canal pour des péniches portant de 200 à 250 tonnes. Une cale sèche pour des réparations et éventuelles constructions fut également aménagée : on peut encore aujourd'hui en trouver la trace.
- Spécialité : brioche de la boulangerie de Selles.