Un peu d'histoire :
Les premières traces de l'existence de Ruillé-en-Champagne apparaissent à l'époque gallo-romaine sous les noms de Rulliacum, de Rullum dont l'origine a fait l'objet de deux hypothèses : celle de J.R. Pesche, historien local, qui pense à rouille (terres ferrugineuses) et une autre qui désigne ce lieu comme étant le domaine de Ruel, notable de l'époque. Les lieux-dits la "Forge" et la "Fabrice" rappellent l'existence de forges gallo-romaines.
Vers l'an 600, un prieuré est fondé à Ruillé sous le patronage de deux soldats romains béatifiés, Saint Nazaire et Saint Celse qui sont restés les saints patrons de la paroisse. Il y a tout lieu de croire que ce prieuré se situait à la place de la mairie et de l'école d'aujourd'hui près desquelles se trouve la ferme du "Prieuré".
A l'époque féodale, la seigneurie de paroisse était annexée à la terre de la Roche-Couasnon, dirigée par le sire de Couasnon (on a retrouvé des traces de cette famille dès 1203) qui logeait à la Roche dont il ne reste de la demeure que la chapelle, fondée en 1492, en cours de rénovation. Les armoiries de cette famille (d'argent à trois mollettes de sable à six pointes) sont restées celle de la commune. A cette époque, il y avait, réparties sur le territoire de la paroisse, de nombreuses autres demeures seigneuriales : Laval-Péan (Valpéan), Laval-Aubin (Valaubin), Laval-Huon (Vauhuon), Mont-Cruchet, le Coudray... habitées par des petits seigneurs dont la présence en si grand nombre était souvent source de conflits (pour exemple, l'assassinat du seigneur de la Roche-Couasnon par le sieur de Montcruchet au XVIe siècle). Toutes ces terres fieffées finiront, au cours des temps, suite à des mariages, des transactions, des intrigues par appartenir au domaine de Sourches dont ils dépendaient.
A la révolution, Ruillé comptait environ 1 200 habitants, la majeure partie composée d'agriculteurs. Les carrières dites de Bernay étaient en pleine exploitation, la partie du village, située près de l'actuel cimetière, abritait quelques tisserands qui travaillaient notamment le chanvre cultivé dans les campagnes environnantes. En ces temps, Ruillé et la commune voisine de Saint-Symphorien faisaient partie du canton d'Epineu-le-Chevreuil et du district de Sillé-la-Montagne (Sillé-le-Guillaume). C'est en 1801 qu'elles seront définitivement réunies au canton de Conlie.
C'est vers cette époque que le village connut la période la plus troublée de son histoire. Il se trouva au centre d'une insurrection des royalistes de l'ouest de la France, après la condamnation, puis l'exécution du roi Louis XVI. Ces troubles, appelés la "Chouannerie" seront responsables de la mort de 14 habitants de Ruillé.
Les "Chouans" locaux qui s'opposaient aux soldats de la République avaient installé leur camp à Saint-Symphorien, sur une hauteur à la lisière de la forêt de la Charnie au lieu-dit, le "Camp de la Vache Noire", près du Mont-Porcher. Ils étaient commandés par Louis Courtillé, surnommé "Saint-Paul", un domestique d'une ferme d'Epineu-le-Chevreuil. Celui-ci fut tué, en février 1796, lors d'un affrontement avec les troupes républicaines au Mont-Livois, sur la commune d'Amné. Cette période de grande insécurité dura dans la région jusqu'en 1841.
Quelques habitants de Ruillé participèrent eux-aussi à l'épopée napoléonienne et donnèrent leur vie sur les champs de bataille de toute l'Europe.
En 1871, la commune eut aussi à subir l'occupation prussienne qui suivit la défaite de Napoléon III. Des sculptures Renaissance du linteau de la porte de la chapelle de la Roche furent brisées.
A la fin du XIXe siècle, le village était prospère ; il comptait environ 900 habitants et une vingtaine de commerces : plusieurs épiceries, 4 cafés, une boulangerie, des menuiseries, un maréchal-ferrant, des charrons… qui ont tous malheureusement disparu. On y trouvait des fours à chaux, des fours à chanvre, des moulins à farine en activité dont quelques-uns ont été préservés.