Le Théâtre Impérial de Compiègne, un théâtre unique...
Le célèbre chef d'orchestre Carlo-Maria Giulini, invité à diriger un concert en 1992, considéra la salle "comme l'une des plus parfaites du monde, plus accomplie que celle du Musikverein de Vienne", pourtant la référence en la matière.
Ce lieu d'exception en France est né de la volonté de Napoléon III qui souhaitait un bâtiment à la hauteur des fastes qu'il offrait à ses nombreux invités lors de ses séjours réguliers à Compiègne. Le Théâtre Impérial est alors élevé sur l'emplacement de l'ancien couvent des Carmélites, immortalisé plus tard par la pièce de Georges Bernanos et l'opéra de Francis Poulenc.
C'est l'architecte Auguste-Gabriel Ancelet qui conçoit et réalise le futur Théâtre, avec l'Opéra Royal de Versailles comme l'une de ses références pour répondre au voeu de l'Impératrice Eugénie. La construction débute en 1867, puis tous les corps de métier s'affairent pour son aménagement.
Comme tout théâtre de cour, son apparence extérieure est sobre, mais la salle allie élégance et prestige. Mais en juillet 1870, alors que le chantier est bien avancé et que l'ouverture est prévue pour l'année suivante, la guerre éclate entre la France et la Prusse. La défaite de Sedan entraîne l'abandon des travaux. Pendant plus d'un siècle, le théâtre entre alors dans un long sommeil qui dura plus de 120 ans, hormis quelques rares manifestations, comme Jeanne au bûcher en 1948, en présence de Claudel et Honegger.
Pierre Jourdan, à la recherche d'un espace pour y créer son projet découvre en 1986 ce lieu fabuleux laissé à l'abandon, et entreprend sa réhabilitation. L'inauguration officielle a lieu en septembre 1991, avec la présentation d'une oeuvre de Camille Saint-Saëns, Henry VIII, qu'il met d'ailleurs en scène. Pierre Jourdan le dirige jusqu'à sa disparition, en 2007, se consacrant tout particulièrement à la redécouverte du répertoire de l'opéra français.
Ce chef-d'oeuvre architectural d'Ancelet se confirme être un outil technique de premier plan : un système de constructions métalliques pour les parties supérieures de l'édifice et une ouverture de scène de 13 mètres, comparable à celle du Théâtre du Châtelet. Mais ce qui recueille le plus l'admiration, ce sont ses qualités acoustiques, parmi les meilleures qui soient.
Une nouvelle dynamique pour le Théâtre Impérial... Depuis 2009, sous la conduite de son directeur, Eric Rouchaud, le projet du Théâtre Impérial qui a pour objectif d'accorder une place privilégiée à la musique et à l'art lyrique, notamment au chant français, explore différents axes artistiques (opéra, récital, musique baroque, musique symphonique, ainsi que théâtre musical ou ballet) du baroque à nos jours. Un programme inventif réunissant de grandes voix, des artistes reconnus comme de jeunes talents, est ainsi proposé dans une volonté d'ouverture à tous les publics, et particulièrement les jeunes. Le Théâtre développe une politique d'accompagnement artistique avec, entre autres, des résidences d'artistes comme l'Ensemble vocal AEDES depuis 2012.
Cette scène lyrique, la seule entre Paris et Lille, s'inscrit dans des collaborations et coproductions avec diverses institutions lyriques nationales ou internationales, tout en étant soucieux d'un ancrage territorial et de proximité avec les populations.
Ainsi, l'importance de la fréquentation montre l'intérêt croissant d'un public diversifié et renouvelé.
Le Théâtre Impérial de Compiègne associé depuis 2009 à l'Espace Jean Legendre, scène nationale de l'Oise en préfiguration, constitue désormais un pôle majeur de création, de diffusion et de transmission des arts pour tous les publics, sans équivalent au nord de Paris.
