- La commune de Chiry-Ourscamp est née en 1825 de la fusion des communes de Chiry et d'Ourscamp créées par les lois révolutionnaires de 1790.
- Chiry, une ancienne commune...
- Jusqu'à cette dernière date, Chiry, en rive droite de l'Oise, formait une communauté paroissiale administrée depuis le Moyen Âge par l'un de ses membres élu annuellement : le syndic. Bien que dépendants de l'administration du comte évêque de Noyon, les habitants de Chiry avaient pu profiter de l'effet de la charte de franchise accordée à la ville titulaire de l'évêché en 1108 pour gagner une forme d'autonomie.
- Quelques siècles plus tôt, au temps carolingien, un village existait sur une terrasse alluviale au bout de la rue du Point du Jour, comme l'ont révélé les récentes fouilles archéologiques. S'il dominait un méandre de l'Oise, ses habitants ont pu profiter de la présence du cours d'eau pour développer des activités de poterie et de tissage des fibres naturelles.
- Cherchant à être protégé, le village s'est ensuite installé sur le flanc du mont Conseil, autour de son église fondée au XIIe siècle, et à l'abri d'un château fort propriété de l'évêque de Noyon. Ce dernier fut détruit en 1359 par les Noyonnais, qui l'ont racheté aux Bourguignons quelques mois après la bataille de Mauconseil perdue par l'ost français.
- Les villageois se tournèrent ensuite vers la culture de blé, le vignoble et le maraichage, activités soutenues par de nombreux artisans.
- La construction de la rue Royale au milieu du XVIIIe siècle développa la profession de paveurs et fit du bas de Chiry un axe routier important entre Compiègne et Noyon. La construction de la chapelle Notre-Dame de Bons-Secours (devenue Sainte-Anne) en 1764 permit d'accompagner les voyageurs routiers. Ainsi, à la veille de la Révolution française, Chiry avait connu une importante expansion urbaine le long de cette grande rue fortement circulée (actuelle RD932).
- Ourscamp, autour de l'abbaye...
- De l'autre côté de l'Oise, l'abbaye d'Ourscamp s'était construite sur les fondations d'un oratoire fondé par Eloi, évêque de Noyon, et proche du roi Dagobert. La légende de l'ours laissée par le saint prélat, toujours vivace de nos jours, a été relayée par les moines cisterciens qui se sont installés en 1129 à l'instigation de l'évêque Simon de Vermandois. L'abbaye reçut de nombreux dons et contredons qui lui permirent de connaître une nouvelle phase de construction au XIIIe siècle : la grande église, qui remplaça l'église primitive, la salle des morts (infirmerie, aujourd'hui grande chapelle), les bâtiments conventuels… en firent l'une des plus vastes de la région. La façade fut réaménagée au XVIIIe siècle pour former un château abbatial constitué de deux corps de bâtiments encadrant l'entrée principale de l'église masquée par des colonnes et un fronton sculpté.
- La Révolution française mit un terme à 600 ans d'histoire monacale. Si les religieux cisterciens durent abandonner leur charge, l'abbaye devenue bien national fut rachetée à l'Etat par Maximilien Radix de Sainte-Foix qui la transforma en château de villégiature. Quelques années après sa mort, Ourscamp, qui n'avait plus que quelques habitants, fut réuni à Chiry où l'ancien prieur de l'abbaye s'était installé et avait permis la translation de la relique de sainte Anne en 1807.
- Mais à la même, époque, le domaine d'Ourscamp fut repris par des industriels qui y installèrent une manufacture de coton, profitant de la construction du canal latéral à l'Oise (1825) puis de la ligne ferroviaire (1850). Devenue l'une des plus importants usines du département, ses ouvriers étaient originaires de Picardie puis de Bretagne, de Belgique et du Luxembourg. La grève des tisseurs de 1902 demeure aujourd'hui dans les mémoires comme la plus longue connue dans l'Oise et d'une violence sociale rare.
- Les XIXe, XXe et XXIe siècles...
- La deuxième moitié du XIXe siècle fut l'âge d'or de la commune, avec un pôle industriel textile de première importance dans l'ancien monastère et la création à Chiry d'une tour, de deux manoirs, d'un château - musée… cet ensemble formant l'empire Mennechet, du nom de son bâtisseur. Quant à la population communale, elle culmina à 2144 en 1891 pour redescendre à 1560 en 1911 avec la crise industrielle.
- La Première Guerre mondiale modifia en profondeur le visage du village. Pendant trente mois, le village et le hameau, séparés l'un de l'autre par la destruction des ponts, subirent l'occupation allemande. En décembre 1914, la tour Mennechet qui dominait Chiry fut détruite. En février 1915, un terrible incendie provoqué par les bombardements français anéantit la filature et une partie des anciens bâtiments conventuels. Deux ans plus tard, en vue de leur repli, les Allemands évacuèrent la population encore présente et détruisirent la commune appliquant la stratégie de la terre brûlée. Puis, au printemps 1918, une nouvelle offensive allemande plaça Chiry-Ourscamp sous la ligne de feu durant la Bataille du mont Renaud (mars - juin 1918) et lors de la reconquête définitive d'août 1918. Chiry-Ourscamp, commune martyre, n'était plus que ruines.
- S'ouvrit alors un difficile après-guerre marqué par une longue reconstruction, un exode rural massif, l'abandon du domaine Mennechet et de la filature d'Ourscamp. Quelques célébrations ponctuèrent cette période : l'inauguration du monument aux morts, le baptême des cloches, le Pardon de sainte Anne…
- Le village entra dans la modernité par ses constructions modernes en briques, pourvues de l'eau courante, de l'électricité, du chauffage dans chaque pièce… mais il ne comptait plus que quelques centaines d'habitants.
- Cette période de transition fit l'objet de reportages photographiques de plusieurs éditeurs de cartes postales dont Rodolphe Declein, qui fixa sur le papier la vie nouvelle des Caouens, posant devant les maisons "reconstruction".
- Si la Seconde Guerre mondiale fut à l'origine de l'incendie de la mairie en 1940, l'abbaye nouvellement acquise par le comte Biver retrouva sa vocation première en accueillant la congrégation des Serviteurs de Jésus et de Marie. La baisse démographique qui s'était poursuivie jusqu'en 1936 (581 habitants) fut endiguée dans les années 70 avec l'essor industriel de la vallée de l'Oise. L'installation de l'usine Rivoire & Carret (devenue depuis Pastacorp) incita la commune à favoriser la création des lotissements de La Montagne et du Marais.
- Aujourd'hui forte de près de 1200 habitants, Chiry-Ourscamp cultive le bien-être de ses administrés autour de son parc municipal (1976) adossé au groupe scolaire, de ses multiples activités sportives animées par des clubs (tir à l'arc, football, équitation, haltérophilie, judo, fitness, danse country…), de sa vie culturelle en plein air et en intérieur (salle L'Orée, 2017), et promeut son patrimoine naturel (la forêt domaniale d'Ourscamp, la vallée de l'Oise, le mont Conseil) et architectural (l'abbaye, le château, l'église, le mémorial départemental en hommage aux victimes civiles de la Grande Guerre). Pourvue depuis 2017 d'une déviation qui libère son centre-ville de la circulation routière de masse, Chiry-Ourscamp sera traversée vers 2025 par une nouvelle infrastructure fluviale qui modifiera son paysage : le Canal Seine-Nord-Europe.