Petit village perché d'une cinquantaine d'habitants, caractéristique du Piémont vosgien de Meurthe-et-Moselle, première marche du massif du Donon dominant le plateau lorrain, avec une tradition plus forestière que paysanne, Saint-Sauveur a un passé prestigieux que sa modestie actuelle ne laisse pas deviner. Sa situation est remarquable, son habitat relativement homogène, et son isolement en augmente le charme. Son territoire forestier et montagneux s'étend loin à l'est, jusqu'au département du Bas-Rhin et en limite du point culminant de Meurthe-et-Moselle. Il porte beaucoup de sites touristiques intéressants : la Maison de la Forêt du Piémont Vosgien et son refuge, la scierie de Machet, et, pour le petit patrimoine, la chapelle de Ton, la source de la Vezouze, de nombreuses roches remarquables et son église, qui ne laisse personne indifférent.
L'abbaye de Saint-Sauveur "en Vosge" : L'église qui domine le village au milieu d'une prairie est le chœur gothique de l'ancienne abbaye détruite lors des guerres de religion et abandonnée en 1569, dix ans après sa dernière restauration. Un clocher a été appliqué contre le chœur sans nef à la fin du XIXe siècle. D'importants travaux de rénovation ont été réalisés en 1954 avec le rétablissement des baies ogivales murées jusqu'alors et la restauration de la pureté intérieure originelle. L'implantation de l'abbaye bénédictine de Bon Moutier à Saint-Sauveur date de 1010, après un établissement d'origine à Val-et-Châtillon. Sa fondation au VIIe siècle était contemporaine de celles de Senones, Moyenmoutier, Etival et Saint-Dié, l'ensemble de ces premières abbayes formant la "croix monastique de Lorraine" dont Saint-Sauveur constitue la tête. Après 1188, les chanoines de Saint Augustin succédèrent aux bénédictins. L'abbaye possédait d'immenses forêts jusqu'au Donon et avait autorité sur de nombreux villages de la région, de la vallée de la Plaine, du Blâmontois, du Badonvillois et du secteur immédiat. Sans qu'elle semble avoir jamais été très importante par le nombre des moines, elle devint la nécropole des plus grands seigneurs de la région, en particulier d'Henri Ier de Blâmont, sénéchal de Lorraine, grand bâtisseur (tour des Voués et collégiale Saint-Georges de Deneuvre), cité dans le Tournoi de Chauvency (1285), et de son épouse Cunégonde de Linange. Le gisant de ce couple illustre, exposé à la chapelle des Cordeliers à Nancy depuis 1854 après sa découverte dans la prairie de Saint-Sauveur, est le plus beau de Lorraine. C'est la recherche de l'isolement qui avait poussé les moines à s'installer à Saint-Sauveur et ce sont les dangers de cet isolement qui les obligèrent 560 ans plus tard à s'installer à Domèvre, dans un lieu plus sûr.