Authou est la plus petite commune du canton de Montfort-sur-Risle. Très surprenant et inhabituel pour une petite commune rurale en ce début de XXIe siècle, le nombre d'habitants de cette commune est supérieur à celui de sa superficie, ce qui donne une très bonne densité de population.
Authou a été dénommé successivement Autouel, Autone et Autou (sans H). C'est un nom d'origine celtique qui indique un endroit bas, le fond d'une vallée. Telle est, du reste, la situation de ce village sur la rive gauche de la Risle, au confluent du Torrent d'Authou.
Le Torrent d'Authou prend sa source dans le château de Livet-sur-Authou. Il y a dans le parc du château deux sources qui se réunissent pour former le Torrent, avec les sources de la Folie sous la côte de Livet.
Historique :
Dès le XIe siècle, la seigneurie d'Authou était en main-morte, c'est-à-dire qu'elle avait pour seigneur un ecclésiastique. Les deux tiers de la seigneurie ont appartenu aux évêques d'Avranches, puis à ceux de Lisieux.
En 1310, dans l'échange du Domaine d'Ecouis, fait par Philippe-le-Bel avec l'abbaye du Bec-Hellouin, Authou, dénommé Autouel, était une des huit paroisses dans lesquelles se trouvaient répartis 140 vassaux cédés aux religieux.
Au début du XVIe siècle, Jean du Bosc, écuyer, prenait le titre de seigneur d'Authou, ainsi que de Brétigny et Livet-sur-Authou.
Puis, se sont succédés Pierre le Doyen en 1573 et François du Val en 1640. Lors de la seconde guerre mondiale, le 2 février 1944, les Anglais bombardèrent la commune de Authou. Ce bombardement a surtout atteint la fromagerie et la beurrerie d'Authou. Plusieurs maisons furent détruites et huit personnes (femmes et enfants) y ont trouvé la mort.
Patrimoine historique :
L'église d'Authou, dédiée à Saint Aubin, a gardé des traces d'architecture romane. Le nom du Saint Evêque d'Angers atteste d'ailleurs, une origine mérovingienne (fin XIe siècle). Elle a conservé de cette époque, sa porte d'entrée, deux fenêtres en lancette au choeur côté nord et les restes d'une magnifique baie à son chevet. Un lavoir en bois baignant dans un bassin alimenté par une source a été restauré habilement à l'ancienne.
Une léproserie aurait existé à Authou, à la Croix Blanche, sans pouvoir indiquer l'époque de sa fondation. Il y avait également une fabrique de beurre dans la ferme de la Croix Blanche.
Village industriel pour son époque, Authou possédait une fromagerie installée à la fin du XIXe siècle, qui fut en plein essor au début du XXe siècle. On y produisit le premier camembert appelé "La Renommée" le 24 décembre 1905, ainsi que du Pont-l'Evêque dont la réputation rendit Authou célèbre au-delà de nos frontières. Cette fromagerie employait un grand nombre d'habitants d'Authou. Malheureusement, dans les années 1990, cet établissement a quitté la région pour se réimplanter à Sablé dans la Sarthe.
Grâce à la force hydraulique du Torrent d'Authou, en 1850, on comptait 4 moulins à blé, 2 moulins à huile et une fabrique de sabots, ainsi qu'une retorderie de 2 200 broches et une fabrique de cardes. Aujourd'hui, les moulins sont convertis en habitation, dont un en gîte rural.
A deux pas de l'église, se trouve le passage de la voie romaine de Rouen au Mans, dont l'empierrement est encore visible vu d'avion. On parle aussi de constructions antiques découvertes au XIXe siècle sur le territoire de cette commune.
Authou était un carrefour de routes fort intéressant pour les courriers et les transports de marchandises et de voyageurs. Aux XVIIIe et XIXe siècles, et vraisemblablement jusqu'au début du XXe siècle, la Croix Blanche possédait un relais de diligences. Il resterait quelques vestiges minimes des bâtiments. Ce relais possédait des chambres et faisait auberge, cela permettait aux voyageurs venant de Caen de se restaurer et de se reposer.
La Croix Blanche se situait à l'époque, exactement dans le creux de la fourche du "Y" formée d'une part, par la route (CC 8) de Saint-Georges-du-Vièvre à Pont-Authou (la route de Caen-Rouen), et d'autre part, par la route (RD 38) de Saint-Georges-du-Vièvre à Brionne (la route de Paris). La Croix Blanche est encore visible sur un pilier en briques rouges. Ce fameux embranchement permettait la correspondance avec une diligence Caen-Rouen, par Pont-Authou. Une autre diligence de correspondance Le Mans-Paris, passait par la rue Noire (RD 48), puis par le CC 12, traverse les Marionnettes, et longe les bois pour traverser les faubourgs de Brionne.
Le chemin de fer à voie étroite de Cormeilles à Glos-sur-Montfort, a circulé de 1901 à 1945, dans la commune d'Authou. Il était familièrement surnommé le "Tortillard". Authou était une halte de cette ligne, et est devenu gare terminus lors de la dernière guerre, après la destruction du pont de chemin de fer sur la Risle.
