Fameuse station thermale à l'architecture des XIXe et XXe siècles, Vichy est une ville d'Auvergne située à une quarantaine de kilomètres de Clermont-Ferrand. Sur la rive droite de l'Allier, principal affluent de la Loire, elle bénéficie d'une histoire riche et ancienne qui attire de nombreux visiteurs. Ce sont avant tout ses sources, aux vertus thérapeutiques reconnues depuis l'époque gallo-romaine qui séduisent les touristes de passage. La station, qui attira en son temps des personnages aussi illustres que Napoléon III ou Madame de Sévigné, ne manque pas, encore aujourd'hui, de faste et d'une belle architecture. On peut y découvrir l'un des plus grands spas d'Europe, avec bain bouillonnant ou piscine d'eau thermale.
Vichy reste aussi dans la mémoire collective pour des évènements plus sombres, la ville ayant été choisie comme siège de l'Etat sous la Seconde Guerre mondiale, en 1940. Cette agréable ville à taille humaine et à l'appréciable quiétude a su cependant faire oublier ces heures sombres de l'histoire grâce au charme de ses attraits et de son architecture.
Parler de thermalisme à Vichy est presque un pléonasme puisque la ville doit pratiquement son existence aux sources. Depuis l'Antiquité, les hommes viennent régulièrement panser leurs plaies intérieures de ces eaux tièdes, bicarbonatées, sodiques et acquises entre sédiments tertiaires et failles granitiques et des monts d'Auvergne.
Au Moyen Âge, les ducs de Bourbon s'approprient les eaux mais pour très peu de temps : leurs biens sont confisqués par François Ier. Dès lors, l'Etat assure lui-même l'exploitation des sources ou la délègue sous forme de fermage. C'est seulement au XVIIIe siècle que les eaux vichyssoises deviennent objet d'engouement, comme l'atteste la correspondance de Mme de Sévigné, curiste de la première heure avec sa fille.
En 1853, deux entrepreneurs parisiens (Lebobe et Callou) s'associent pour créer la Compagnie fermière de Vichy (CFV), qui, au fil des années, va devenir toute-puissante. Elle va gérer les sources, l'exploitation des eaux minérales et les Etablissements thermaux. Omniprésente, la Compagnie trouvera pourtant une résistance en la personne de Nicolas Larbaud, père du poète. Ce pharmacien vichyssois engagea contre elle, afin de pouvoir exploiter les sources qu'il détenait sur l'un de ces terrains, à Saint-Yorre, un procès qui durera 13 ans. Il sera le premier à avoir eu l'idée de la consommation d'eau minérale à domicile : les premières bouteilles porteront d'ailleurs la mention "sources Larbaud - Saint-Yorre".
Vichy connaît une notoriété sous le Second Empire. En effet, Napoléon III, souffrant de la maladie de la pierre, se voit prescrire par erreur une cure À Vichy (ces eaux n'ont pas la propriété de soulager les calculs rénaux). Les séjours impériaux drainent les foules et créent un phénomène de mode autour des cures à Vichy. On se donne rendez-vous sous les grands marronniers ou dans l'allée des platanes. On valse tous les samedis au bal du casino, on change de toilette de trois à quatre fois par jour. Le tout est d'être vu et bien vu.
Le culte du corps va s'épanouir dans cette atmosphère comme une fleur au soleil : la Compagnie fermière comprend aussitôt qu'elle pourrait tirer profit de cette situation. Elle commence à développer, au début du XXe siècle, une panoplie de services annexes, qui seront essentiellement des produits d'appels. Les médecins développeront des thérapies parallèles à la cure, utilisant des techniques nouvelles comme la radiothérapie ou l'électrothérapie. Vichy sera une des premières stations thermales à installer des salles de musculation. Vichy aime le beau et procure tous les moyens nécessaires à son entretien. Vichy se veut toujours à la mode, à la recherche du dernier cri et traverse les années avec une image de marque qui l'assimile à la ville du thermalisme par excellence et ce, en dépit des deux guerres mondiales qui ont débouché, à chaque fois, sur la réquisition de son parc hôtelier. Aujourd'hui encore, l'idée de cure fait référence à la cite bourbonnaise même si la fréquentation a régulièrement baissé depuis le début des années 60.
En 1958, près de 30 000 curistes se sont rendus sur les berges de l'Allier, 40 ans plus tard, seulement quelque 12 000 séjours sont enregistrés. La décolonisation, les progrès de la médecine et surtout ceux de la chirurgie (ces derniers ont effacé d'un coup de scalpel les problèmes digestifs), sont responsables de cette désaffection. Les séjours trop longs (21 jours), inadaptés au rythme de vie actuelle, la vigilance de la Sécurité sociale ont également contribué à cette baisse de fréquentation.
Depuis quelques années cependant, la ville thermale veut tourner le dos à cette période noire pour emprunter de nouveau le virage de la modernité. Premier changement visible : la construction des bains Callou, en 1990. L'asepsie des douches et des applications de boue de ce bâtiment de verre et d'acier n'a rien à envier à celles des blocs opératoires les plus performants. L'informatisation permet de calculer le temps de remplissage d'une baignoire, de tout numéroter, lister, enregistrer, ce qui renforce paradoxalement l'aspect relationnel de la cure : chaque année, le curiste est sûr de retrouver son auxiliaire favorite, son prof de gym préféré et surtout son traitement adéquat.
La Compagnie fermière de Vichy, propriétaire des Thermes (et non des sources !) n'a pas hésité à remettre en question l'efficacité des cures. En 1992, elle s'est associée à la clinique de rhumatologie de Cochin pour mener une étude qui, au final, prouve scientifiquement l'efficacité des bulles vichyssoises sur le traitement de l'arthrose. Finalement, Vichy renoue avec ses "services annexes" en se préoccupant à nouveau du bien-être physique. D'ailleurs, elle a misé sur les séjours de remise en forme de courte durée. Au centre des Dômes, sont proposées des gammes de soins allant des massages sous l'eau au solarium, en passant par les applications de boue. Étrangement, les vichyssois ont osé pousser les portes des Thermes pour aller jusqu'aux nouvelles salles de sport et de soins alors que, jusque-là, la cure avait créé un monde à part, parallèle au quotidien des habitants de la cité. Cet intérêt a d'ailleurs encouragé l'ouverture du centre des Célestins, qui propose des séjours de balnéothérapie dans un cadre haut de gamme (le centre comprend un hôtel quatre étoiles).
Le premier casino jamais créé en France a été construit à Vichy, en 1865, par l'architecte Charles Badger. En plus des salles de jeux, une salle est alors réservée aux spectacles, opéras, concerts... Mais l'affluence des curistes est telle que, en 1897, une plus grande salle d'opéra est édifiée dans le plus pur style Art nouveau, selon les plans de Charles Lecoeur. Saint-Saëns, Chaliapine, les divas de la Scala de Milan, les étoiles du ballet russe, les plus grandes têtes d'affiche du théâtre, de l'art lyrique, de la danse, se sont pressés dans les coulisses vichyssoises jusqu'au début des années 60. L'édifice se dégrade petit à petit, certaines parties sont inscrites à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1975 mais il faudra attendre la fin des années 80 pour qu'une véritable restauration soit entreprise. Le casino-opéra devient l'opéra-congrès. Les dorures de la salle de spectacles ont retrouvé le lustre d'antan. Les salles réservées au congrès ont été aménagées dans le plus grand respect de l'architecture de départ, tout en intégrant des éléments contemporains, comme le mur de lumière du sculpteur Mickael Prentice. Côté spectacle, la programmation est volontairement éclectique (musique classique, lyrique, variétés, danse).
Ceux qui préfèrent se laisser transporter par la musicalité des vers, pourront alors visiter la bibliothèque personnelle de Valéry Larbaud, le poète de Vichy, reconstituée à la médiathèque qui porte son nom. La collection Larbaud regroupe 14000 livres, 170 manuscrits, 8800 lettres.
Aux activités culturelles, s'ajoute un large éventail de sports : le golf de 18 trous (l'un des plus anciens de France) et surtout le tennis, ont longtemps tenu la vedette. Bien évidemment, la part de l'eau est importante à Vichy, où l'on trouve entre autres, une base nautique, une rivière artificielle destinée à la pratique du kayak et un club d'aviron. Mais Vichy est aussi connu pour ses courses hippiques. Au plus fort de la saison, des milliers de spectateurs foulent les pelouses de l'hippodrome, un succès renforcé par l'instauration de courses en nocturne.
Ville thermale par excellence, et cité ancienne, Vichy ne manque pas d'attraits patrimoniaux et architecturaux pour séduire les touristes de passage ou les curistes en quête de bien-être.
Ce qui marque le plus à Vichy, c'est sûrement les restes de son centre thermal du XIXe siècle. On peut encore admirer un ensemble architectural éclectique et impressionnant à l'instar du parc d'Allier Napoléon III, d'une galerie couverte métallique du parc des Sources, avec ses marronniers et ses platanes, ou encore le centre thermal des Dômes. Le palais des Congrès-Opéra, de 1865, est aussi un incontournable de la ville. Cet ancien grand casino au décor Art nouveau du peintre Rudnicki, s'agrémente d'une salle de spectacle, de salons et d'une salle de bal.
Les sources qui ont fait la renommée de Vichy peuvent être découvertes, à l'instar de la source Chomel, de celle de l'Hôpital ou encore de celle des Célestins, dans le hall des sources, tout en verre et en métal.
Vénérée des curistes en mal de guérison, la Vierge noire de l'église Saint-Blaise, Notre-Dame-des-Malades, prend sa place au milieu de beaux vitraux et de mosaïques au style très moderne.
Sur les bords de l'Allier, plus grand confluent de la Loire, les parcs et autres espaces verts ne manquent pas. Des deux côtés du pont de Bellerive, des jardins à l'anglaise sont l'occasion de flâner et de profiter du beau temps, tandis que des promenades aménagées sur la rive droite permettent de pique-niquer, de se promener à vélo sur les pistes cyclables ou encore de se détendre. En été, des jeux sont installés pour les plus jeunes.
Quelques musées agrémentent la ville de Vichy, comme le musée des Arts d'Afrique et d'Asie, avec une collection de 4000 objets rassemblés par des missionnaires ou des particuliers, ou l'espace musée Valéry-Larbaud, avec ses manuscrits ou ses documents de la main même du fameux écrivain. Le musée de l'opéra, quant à lui, conserve les archives de l'ancien opéra de Vichy. Ces dernières, mais aussi costumes, partitions et autres objets artistiques, sont présentés à l'occasion d'expositions temporaires.
Dans les rues de Vichy, les palaces vichyssois, dont l'architecture exubérante témoigne de la grande époque du thermalisme, frappent les regards, tout comme le style néomauresque du centre thermal des Dômes, ou les nombreux chalets et villas de la cité thermale. Ces derniers mélangent les styles suisse et colonial et ont été bâtis en 1862 pour accueillir Napoléon III.
A l'instar d'un questionnaire de Proust qui dresse en quelques questions le portrait de celui qui s'y prête, le circuit des 12 lieux incontournables de Vichy dessine succinctement mais de manière fidèle l'image de cette ville aux charmes et aux influences multiples et vous entraine à la recherche d'un temps perdu…
1. Le palais des Congrès-Opéra : Joyau du patrimoine architectural de la ville, le Palais des congrès-Opéra est constitué de l'ancien Grand Casino (qui devient Palais des Congrès en 1995) et de l'Opéra modernisés par Jean Guilhem de Castelbajac. Le bâtiment original (Casino-Théâtre) réalisé par l'architecte Charles Badger en 1865, à la demande de Napoléon III, réunissait une salle de bal, un théâtre, des salons de jeux et de plaisance. Mais la notoriété de Vichy est telle qu'en 1900, l'architecte Charles Lecœur est chargé d'agrandir le bâtiment vers l'ouest : le nouveau théâtre Art nouveau en est l'aboutissement avec ses 1 486 places. L'Opéra est l'unique salle de style Art nouveau dans des couleurs or et ivoire en France.
2. Les passages et rues piétonnes : Quartier animé des cafés et brasseries, les 4 Chemins et les rues piétonnes offrent de larges terrasses idéales pour une pause après une séance de shopping dans les boutiques ouvertes tous les dimanches et les jours fériés toute l'année.
3. Le hall des Sources et la galerie couverte : Construit en 1903, le hall des Sources abrite actuellement les buvettes des cinq sources utilisées pour la cure de boisson : Célestins, Lucas, Hôpital, Chomel et Grande Grille. Inspiré du "trinkalle" des stations thermales allemandes ou austro-hongroises ce vaisseau de verre et de fonte est conçu pour être en harmonie avec le parc des Sources. De chaque côté du parc, une galerie couverte longue de 700 m permet de rejoindre le Palais des congrès - Opéra.
4. Le grand établissement thermal : Construit entre 1899 et 1903, cet ancien établissement thermal de 1ère classe, agrandi dans les années 1930, surprend par son style néo-mauresque. L'aile du bâtiment donnant sur le boulevard des États-Unis constitue aujourd'hui le Centre thermal des Dômes. À deux pas, les thermes Callou accueillent également la cure traditionnelle.
5. Les chalets Napoléon III : Ces chalets de style suisse ou colonial anglais, construits en 1863 et 1864 à la demande de Napoléon III, accueillirent l'Empereur et sa suite impériale lors de ses séjours à Vichy. À proximité immédiate, rue Alquié, la série de maisons de style anglais et leurs bow-windows caractéristiques, abritait les officiers de la garde impériale.
6. Le pavé des rues remarquables : De style néo-vénitien, flamand, gothique, classique ou Art nouveau, les villas de ces rues furent construites pour la plupart au tournant du XXe siècle. Elles témoignent du savoir-faire et de l'imaginaire des bâtisseurs de l'époque. Le point commun de ces demeures : séduire pour être louées aux habitants saisonniers venus prendre les eaux ou être une carte de visite de leurs commanditaires…
7. Les parcs Napoléon III et Kennedy : Les parcs d'Allier, créés sous Napoléon III ainsi que les squares, jardins et espaces verts représentent 1/6e de la superficie totale de la ville. Particulièrement remarquable, le parc Napoléon III, d'une superficie de 7,8 hectares, compte 138 espèces. En contrebas de la digue, la plage des Célestins, les guinguettes et les mini-golfs vous accueillent.
8. Les promenades et plages du lac d'Allier : En bordure du lac d'Allier, parcourez les planches de la promenade : parcs Napoléon III, berges, guinguettes et activités de loisirs… 1,5 km de balade entre la Rotonde et la plage des Célestins.
9. La source des Célestins : Lieu d'émergence naturel de la plus célèbre des eaux de Vichy et l'unique à être mise en bouteilles. La source tire son nom d'un couvent de religieux du XVe siècle, édifié sur le rocher, et dont il ne reste aujourd'hui qu'un pan de mur. L'eau jaillit des failles d'une roche d'aragonite. Le pavillon de la source, de style néo-Louis XVI, fut construit en 1908. Dégustation gratuite.
10. La source Lardy : Bien que non exploités de nos jours, la source et son pavillon galerie ont été restaurés à l'identique lors de la transformation des bains Lardy, anciens établissements de bains de troisième classe, en Pôle universitaire en 2001. De la source Lardy on disait à l'époque qu'elle "produisait chez les femmes en particulier, les mêmes phénomènes que le vin de champagne".
11. L'église Saint-Blaise Notre-Dame-des-Malades : Elle fut construite en 1714 sur l'ancienne chapelle des Ducs de Bourbon datant du XIIe siècle. Sa vierge noire est vénérée à Vichy de longue tradition pour ses miracles. La nouvelle église Notre-Dame-des-Malades de style Art déco fut construite entre 1925 et 1933. À l'intérieur, le marbre clair, le lapis-lazuli et l'onyx dominent et contrastent avec l'austérité de l'extérieur.
12. Le kiosque et le fer à cheval : Ce kiosque fut construit par l'architecte Charles Lecœur en 1902. Emile Robert réalise les chardons et les portées musicales en fer forgé des balustrades. Il accueille des concerts gratuits en plein air, de mai à septembre. Les sept kiosques à musique que comptait Vichy au début du siècle témoignaient de l'importance de la musique dans "la Reine des villes d'eaux".
Une galerie marchande, "en fer à cheval", ceinture le kiosque et prolonge la galerie couverte autour de la source de l'Hôpital.